Simple anéantie

Il y a pour commencer un état particulier qui vient par la fatigue de la marche, la crainte des lieux inconnus, ou encore la fuite furieuse du quotidien.
Alors dans cet état, d’abord, c’est le réel qui me rentre dans le regard.
Le réel comme un corps étranger qui fait irruption avec une grande douceur. Je tente alors de capter ce réel en me défaisant d’un regard trop esthétisant, de le prendre en image sans composer mais en essayant de témoigner au plus près de la vision.
Ce sont les photographies de troncs, de roches, de racines, de fleurs.

Puis c’est moi qui cherche à pénétrer le réel. Mon corps entre dans le champ de l’image, par ma main posée sous les clématites, dans la roche, sous l’écorce… c’est un corps-à-corps, un désir de m’enfouir visuellement dans les éléments, de percer la surface des choses et de l’image à venir.

Enfin, en post-production, par le travail sur la colorimétrie, je cherche à éteindre les couleurs et le contraste afin de rendre cette vision de fusion sourde entre mon mon corps et les éléments naturels.

Le titre de la série «Simple anéantie» est tiré du titre de l’œuvre de Marguerite Porete (femme mystique chrétienne du XIIIème siècle) : «Le miroir des âmes simples et anéanties et qui seulement demeurent en vouloir et désir d’amour».

Photographies 40×60 cm ou 35×40 cm, tirages jet d’encre sur papier archive. Signées et numérotées/6.

JUIN 2020